Banques et droits humains
Le respect des droits humains n'est que trop peu pris au sérieux dans les affaires bancaires. Dans leurs relations avec des entreprises qui bafouent ouvertement ces droits, les banques devraient être particulièrement prudentes, et parfois même renoncer à des profits douteux.
ACTARES a questionné au printemps dernier les deux grandes banques sur la prise en compte des droits humains dans leurs activités. Les réponses n’ont pas été très encourageantes. On dispose de belles déclarations, mais dans le concret, les droits humains passent à l’arrière-plan. L’affirmation d’UBS par exemple que dans les affaires, parallèlement à des réflexions purement orientées vers le profit, d’autres facteurs peuvent aussi jouer un rôle montre clairement le poids que l’on accorde à ces déclarations. La critique d’ACTARES sur l’implication d’UBS dans le «Poly Group» chinois, engagé dans le trafic d’armes et vraisemblablement fournisseur d’états comme le Soudan et la Birmanie, a été minimisée: ces affaires ne représenteraient que le 10% de son chiffre d’affaires. Quand une banque risque le reproche d’une complicité d’atteinte aux droits humains, l’alarme devrait être maximale! Credit Suisse a de même adopté une attitude lénifiante quant à la mise en bourse du consortium malaisien Samling, responsable de destruction de la forêt vierge et de déplacements de populations indigènes.
Affaires très délicates: les matières premières Les atteintes aux droits humains sont fréquentes dans le domaine des matières premières. On peut citer les entreprises actives au Soudan, qui permettent ainsi au gouvernement soudanais de financer le génocide au Darfour. Quatre sociétés pétrolières chinoises, malaisienne et indienne contrôlent le secteur du pétrole au Soudan. UBS et Credit Suisse détiennent des participations importantes dans ces firmes. Selon les informations de l’agence Bloomberg, la valeur de marché de ces participation dépasserait les 2,8 milliards de dollars US pour UBS et 2,7 milliards pour Credit Suisse. La conviction que la participation financière ou un engagement d’une autre nature d’une banque auprès d’une entreprise implique une responsabilité dans l’activité de cette dernière n’a pas encore pris racine. Or, un renoncement clair aux profits d’origine douteuse peut seul éviter aux banques d’être co-accusées d’atteintes aux droits humains. Des directives en la matière, substantielles, applicables, contraignantes et transparentes apparaissent, à la lumière des exemples concrets, comme non seulement indispensables mais encore urgentes.