Editorial: De la panique à l'éthique
Par analogie avec la drôle de guerre, nous vivons une drôle de crise. Les chiffres démontrent l’ampleur de la catastrophe, mais ses effets sont contrastés. Les bas de laine, en particulier ceux du deuxième pilier, fondent, le chômage menace tandis que l’augmentation des salaires sera la plus forte des dernières années et que les loyers s’orientent à la baisse.
Jean qui rit, Jean qui pleure Si banques et assurances sont sinistrées, si l’industrie commence à souffrir sérieusement, les affaires des compagnies pharmaceutiques et alimentaires sont florissantes. Conséquence: d’un côté, des réformes drastiques sont mises en œuvre, alors que de l’autre certains dirigeants continuent à défendre avec arrogance les rémunérations pharaoniques qu’ils s’octroient.
Valeur d’exemple Les nouveaux principes adoptés par UBS, même s’ils pourraient aller plus loin, représentent un grand pas en avant et proposent des dispositions exemplaires. La suppression de tous les bonus des membres de la direction pour l’année en cours et le remboursement entre autres par Marcel Ospel et Peter Wuffli d’une partie des sommes perçues marquent l’amorce d’un retour à la raison. UBS, qui tremble toujours pour sa survie, aurait-elle pris les mêmes mesures sans la pression de la Commission fédérale des banques? C’est loin d’être certain, et ce soudain accès de morale doit être attribué à la peur plutôt qu’à la vertu.
L’actionnariat responsabilisé Quelle que soit la motivation des dirigeants d’UBS, trois volets de leur plan donnent en- fin raison aux revendications d’ACTARES. Etablir les bonus sur une période de plusieurs années avec possibilité d’imputer aussi des malus, éliminer la composante variable des rémunérations du conseil d’administration ou encore soumettre l’ensemble du système au vote, même consultatif, de l’assemblée générale, tout cela confère une responsabilité accrue à l’actionnariat. Les autres sociétés phares de notre économie doivent s’en inspirer sans attendre leur prochaine crise existentielle.