Editorial: Dans l'ombre d'UBS
Difficile d’échapper au scandale UBS en ce début d’année 2008, ce qui est somme toute légitime. La crise est exemplaire à plus d’un titre: elle relance la question des principes de rémunération et de motivation, révèle les limites de la course aux profits, démasque l’incroyable arrogance des dirigeants de la banque et mobilise les actionnaires bien au-delà des cercles habituels. Les pages intérieures lui consacrent une large place.
Credit Suisse et les autres
La concentration sur UBS de l’attention publique et des efforts des actionnaires a jeté un voile de discrétion sur d’autres épisodes. C’est ainsi que Credit Suisse, en annonçant ses mauvaises nouvelles quelques jours après UBS, a largement échappé à la polémique. Chez Swiss Re, l’élection du controversé Mathis Cabiallavetta au Conseil d’administration n’a suscité que peu de réactions. D’un autre côté, les progrès accomplis par Nestlé - en dépit des questions qui restent ouvertes - n’ont peut-être pas retenu l’attention qu’ils mériteraient.
Le devoir des actionnaires
En Suisse, jamais l’engagement des actionnaires, qui auront fait inscrire trois points à l’ordre du jour de la seule UBS, n’aura été aussi fort qu’en ce début d’année. Et avec quel succès: l’une des propositions n’a été rejetée que grâce aux votes exercés par le Conseil d’administration et une autre a été largement acceptée, avec l’assentiment de celui-ci. Dans cette période de turbulences, les actionnaires ont conduit les organes dirigeants à débattre en profondeur de leurs options, à envisager toutes alternatives pour enfin convaincre au lieu d’imposer, faisant ainsi leur devoir de propriétaires. L’effet bénéfique de ces impulsions est incontestable. C’est pourquoi il est important que le Parlement renforce les droits des actionnaires à l’occasion de la révision de la loi sur la société anonyme, dont il se saisira cette année encore.