Editorial: Dix ans de responsabilité
Le regard porté par Christian Campiche, journaliste et écrivain, sur dix ans d’existence d’ACTARES (page 2), atteste de la vision d’avenir de l’équipe fondatrice: si un tel mouvement n’existait pas, il faudrait l’inventer.
Dialogue nécessaire
Au tournant du siècle, l’investissement responsable n’est pas une nouveauté. Mais il s’incarne en Suisse essentiellement par un choix exclusif. Les acteurs de la finance durable, à l’image de la Banque alternative ou des caisses de pensions Abendrot et Nest, sélectionnent rigoureusement leurs placements, évitant toute compromission. Par contraste, cela peut donner l’impression que chaque actionnaire soutient sans réserve les agissements les plus condamnables des multinationales. La démarche d’ACTARES consiste, elle, à poser la question de la responsabilité et de l’éthique au sein même des entreprises, à ébranler l’arrogance qui y règne trop souvent.
Actionnaires contre «shareholders»
La décennie écoulée a vu l’affirmation de l’influence des «shareholders». En achetant des actions, les grands investisseurs institutionnels prennent un risque supérieur à celui des placements à revenus fixes. De plus en plus, ils poussent alors les instances dirigeantes des entreprises à la performance, à la mode anglo-‑saxonne: les «shareholderes», autrement dit les «détenteurs de parts», en veulent pour leur argent. Or, les investisseurs institutionnels gèrent le patrimoine d’assurances sociales ou d’autres fonds publics, qui appartiennent à des collectivités dont les membres n’ont souvent pas droit à la parole. ACTARES représente par conséquent une voix dissidente qui est d’autant plus importante. C’est la voix des actionnaires responsables, qui ont fait un choix d’investissement personnel. Et à ce titre, justement, ces actionnaires ne peuvent pas accepter qu’en leur nom soit perpétré n’importe quelle ignominie, pour autant qu’elle promette de rapporter quelques sous. Les interventions d’ACTARES dans les assemblées générales d’actionnaires se poursuivront de nombreuses années encore.