Décharges de la région bâloise: quels risques ?
Les interventions d'ACTARES lors de cinq assemblées générales d'entreprises chimiques et pharmaceutiques, pour exiger l'assainissement de leurs décharges dans la région bâloise, ont mené à une discussion avec les responsables de la sécurité de ces décharges. Les doutes subsistent quant à la juste évaluation des risques, et à un assainissement complet et dans un délai raisonnable.
Fin août, le “Groupement d’intérêt pour la sécurité des décharges de la région bâloise” (GI DRB), mis en place en 2001 par les entreprises pharmaceutiques et chimiques concernées, a invité ACTARES à une réunion d’information et de discussion. Le GI DRB doit évaluer les risques présentés par les décharges, et les solutions permettant de garantir la sécurité.
Analyse de risques comme base des décisions concernant l’assainissement
D’après le GI DRB, jusqu’en 1940, les déchets ont été déversés dans le Rhin, avec la bénédiction des autorités. Par la suite, ils ont été déposés dans des carrières de gravier. C’est à partir de 1960 environ que ces déchets ont été évacués dans des décharges pour déchets spéciaux, en Suisse, en France et en Allemagne. Dès 1972, on a procédé par incinération. En Suisse, une ordonnance de 1998 règle l’assainissement des quelque 50’000 sites pollués…
Le GI DRB est concerné par 11 de ces décharges. Il est actuellement dans une phase d’études qui devrait durer jusqu’en 2006, comportant des expertises techniques et une analyse de risques. Après prise de position des autorités de surveillance, il sera mis fin au mandat du GI DRB. Pour la suite, et en particulier pour suivre les travaux d’assainissement qui devraient intervenir à partir de 2007, un nouvel organisme sera créé. A titre d’exemple, le cas de la décharge de Muttenz, particulièrement délicat, a été présenté de manière plus détaillée. Des bâtiments ont été construits sur le site, et les dépôts sont proches de la nappe phréatique, près d’une prise d’eau alimentant la ville de Bâle. Une matrice d’analyse combine la probabilité d’occurrence et l’ampleur d’une pollution éventuelle.
Le diagnostic est-il exact? Pourra-t-on assainir à temps, et sans atteinte à l’environnement?
La discussion a porté sur la pertinence et la fiabilité des chiffres présentés, et sur les conclusions à tirer de l’analyse de risques. La controverse avec les organisations de protection de l’environnement, comme GREENPEACE, est liée au fait que ces organisations exigent un assainissement complet, alors que le GI DRB veut assainir selon le droit de la protection de l’environnement, qui est lié à une analyse de risques. Selon le GI DRB, il faut prendre en considération le coût et l’utilité de l’intervention, et tenir compte de l’impact environnemental et humain du processus d’assainissement lui-même. Dans aucun des cas, l’urgence serait telle que l’on n’aurait pas le temps d’effectuer des analyses plus approfondies. Le GI DRB s’est déclaré prêt à informer ACTARES chaque année, de préférence avant les assemblées d’actionnaires, sur l’état d’avancement des études et le respect des délais. D’autre part, le GI DRB reste toujours à disposition pour donner des informations.
Ces études préliminaires nécessitent-elles vraiment autant de temps? Les autorités pourront-elles se prononcer en toute indépendance face aux intérêts économiques? Ces questions sont restées ouvertes. Si l’on se réfère au cas de la décharge de Bonfol dans le canton du Jura, on a l’impression que l’on cherche à déplacer le problème plutôt qu’à le résoudre. Pas de décision sur les travaux d’assainissement avant deux ans, lorsque les études seront terminées? Voilà une question cruciale. Contrastant avec cette attitude dilatoire et ultra-prudente du GI DRB, on note la déclaration de M. Vasella, président de NOVARTIS, pour qui la seule solution définitive serait l’évacuation des décharges.
Pour ACTARES, une affaire à suivre!